lundi 5 septembre 2011

La Sardaigne et le thon

Après moult tergiversations, nous quittons San Jordi (SO de Majorque) dimanche matin 28 août pour une traversée prévue de 2 jours et 2 nuits vers le Sud de la Sardaigne. Nous restons sur notre faim quant à la découverte des Baléares, que nous n'avons fait qu'effleurer, mais nous sommes poussés à avancer si nous ne voulons pas arriver trop tard en Mer Egée, et d'autre part les conditions météo s'annoncent clémentes, alors allons-y !
ça avance quand même
la cambuse

Les journées en mer s'écoulent finalement relativement vite, les filles s'occupent plutôt bien entre les baignades en pleine mer (on stoppe le bateau à ce moment-là, mais mieux vaut ne pas trop se poser de question quand il y a plus de 2000 m de fond...), les parties de cartes, la préparation des repas, le film quotidien (en ce moment elles se régalent avec la série des "Gendarmes et gendarmettes", Rose imite d'ailleurs très bien Louis de Funès !), les disputes... donc tout va bien pour elles ! C'est Marguerite qui est toujours la moins à l'aise, sujette au mal au coeur (même si cela s'arrange), et ayant plus de mal à trouver des occupations. Les trois autres peuvent passer des heures à s'inventer des histoires en partant de 3 fois rien, et elles nous épatent par leur capacité d'adaptation. Nous pensons cependant avec admiration aux familles qui ont fait des traversées de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avec enfants, cela nous paraitrait  trop difficile à gérer !



Pour les parents, le plus pesant ce sont les nuits, avec 2 "quarts" de 3 heures environ, où l'on est censé non pas tenir la barre (le pilote automatique se débrouille très bien !), ni régler les voiles (sauf changement de vent) mais surveiller qu'il n'y ait pas d'obstacle sur notre trajectoire... en pleine mer ce sont les tankers et autres cargos, relativement fréquents en Méditerranée (contrairement à une traversée de l'Atlantique où l'on ne croise quasiment pas un bateau, dixit Henry). Nous ne sommes pas équipés de radar, et comme Datcha ne va pas très vite, un coup d'oeil à l'horizon suffit toutes les 20 minutes environ. Et là, au milieu de la nuit, une lumière qui s'approche, quel sorte de bateau est-ce ? va-t-il dans notre direction ? à quelle vitesse ? Heureusement, la navigation à voile n'est plus ce qu'elle était, et nous avons un logiciel absolument génial (AIS) qui positionne sur l'écran de l'ordinateur (dans le carré) les bateaux qui se trouvent dans notre périmètre, et  l'éventuelle route de collision que nous faisons avec eux. C'est très rassurant, mais nous ne voyons sur l'écran que les bateaux répertoriés (obligatoire pour les plus grands navires) mais pas forcément les voiliers comme nous (il faut payer pour être vu...) et cela oblige donc quand même à veiller ! Henry s'installe dans le cockpit avec son oreiller et arrive à somnoler et à se réveiller toutes les 20 mn... Astrid bouquine (merci les amis pour les super bouquins, c'est un régal !), incapable de fermer l'oeil (pas très rassurée non plus quand c'est le quart d'Henry !) Mais ça y est, l'aube se lève, le lever de soleil est merveilleux et l'on oublie vite les heures angoissantes de la nuit.
on arrive en Sardaigne !


Mardi 30 août au matin, nous abordons une petite île au SO de la Sardaigne, San Pietro, (Saint Pierre aurait appris aux habitants à pêcher le thon), jetons l'ancre dans une jolie cala et trouvons un bus pour la "capitale" Carloforte. Les habitants de l'île revendiquent  une identité culturelle forte car une bonne partie est originaire de Gênes (d'où ils ont gardé un dialecte original) et aussi car ils ont connu une période où ils ont été faits prisonniers par des pirates d'Afrique du Nord.
mouillage au S de l'île S.Pietro
Carloforte


L'après-midi est consacré à la baignade et à l'exploration de grottes accessibles uniquement par la mer. Nuit à un mouillage bien abrité. La côte sud de la Sardaigne est très préservée, on y trouve peu de constructions et remarquablement bien intégrées dans le paysage.


aimez-vous le bleu ?

Après une étape dans une baie aux plages paradisiaques (Teulada), nous arrivons à Cagliari jeudi après-midi (1er septembre). Datcha est amarré après quelques manoeuvres de port hasardeuses : pas évident de glisser le bateau en marche arrière entre 2 autres voiliers, avec un bon vent de côté, sans moteur d'étrave... heureusement plusieurs plaisanciers étaient sur le quai prêts à nous aider, mais cela fait aussi un certain public... La Marina del Sole, recommandée par d'autres navigateurs, est très fréquentée car pas trop cher et l'accueil, un peu folklorique (un vieux loup de mer, style Capitaine Crochet, s'en occupe avec ses fils qui ont des têtes de bandit sarde...)  est sympathique. On y trouve donc des bateaux de différentes nationalités, et l'ambiance un peu bohême est très agréable. Nous sympathisons avec une famille française (les enfants ont 10, 14 et 15) mais ils partent faire le tour "classique" de l'Atlantique et nous ne nous croiserons plus. Pas sûr que nous rencontrions beaucoup de familles en Méditerranée. Les autres bateaux sont pour la plupart occupés par des "jeunes" retraités qui se partagent souvent entre le bateau et la maison principale, ça fait rêver Henry... 

Vendredi, rangement et nettoyage du bateau, puis visite de Cagliari avec la ville ancienne "haute", très haute décidément surtout par cette chaleur étouffante.

nos 4 lions à Cagliari
Marguerite, notre lion préféré
du bastion St Rémi, à Cagliari


ET c'est très contents que samedi 2 septembre nous quittons le bateau pour redécouvrir les charmes du bitume ! Nous entassons les filles dans une petite Ford (nous n'avons jamais eu une voiture aussi sophistiquée !) et commençons le WE par un déjeuner "molto simpatico" chez Franco et Anna, les parents de Mario, un ami sarde rencontré il y a quelques années à Nantes.  Leur accueil est formidable, ils nous gâtent comme ils le font avec leurs enfants qui sont loin et leur manquent. Leur autre fils a épousé une Espagnole et travaille aux Canaries. Ils nous expliquent qu'il n'y a pas de travail en Sardaigne, à part dans l'hôtellerie mais cela dure 3 mois.  Excellent repas avec au moins 3 préparations de thon (mariné, salé, à l'huile) et une tarte à la ricotta "trop bonne". C'est le bonheur, l'Italie ! Nous aimons aussi beaucoup leur façon de voir les choses : "tranquile" toutes les 2 phrases en moyenne, et "tutto va bene", une nouvelle philosophie pour Datcha ?

avec Anna et Franco


Depuis 2 jours nous sommes à l'intérieur des terres et découvrons l'arrière-pays montagneux. C'est très beau, et surtout cela fait du bien de voir du vert ! Nous pensons repartir mardi 6 septembre pour la Sicile (un jour et une nuit de nav).


à la sortie de la messe


à Nuoro
une grotte de la vallée du Laithano
vert olive
il y a beaucoup de sites préhistoriques en Sardaigne

Ces derniers temps nous pensons très fort à tous ceux qui ont repris ou reprennent le travail ces jours-ci, et nous vous envoyons plein de soleil et de chaleur !

10 commentaires:

  1. Coucou Marguerite,

    Comment vas tu sur ton bateau, ça a l'air génial en regardant votre blog, qui nous fait tous rêver. Que de chemins parcouru en si peu de temps.
    Je reviens des Etats Unis ou nous avons fait un super voyage de 3 semaines avec les Angleys; camping et hôtel, froid et chaleur (; il a même fait jusqu'à 47° dans la vallée de la mort. C'était dur de marcher plus de 5 minutes. Heureusement la piscine de l'hôtel était géniale ) ,villes et montagnes + lacs, 2 jours en bateau avec une nuit un peu mouvementés, canyons.. tout était super.
    Comment faites vous pour travailler sur le bateau, pas trop dur avec la chaleur de la Méditerranée?
    Je penserai bien à vous demain pour ma rentrée de collège de banlieue!!

    Profite bien de la mer, des baignades à répétition.
    Embrasse tes sœurs et tes parents
    Je te dis à très bientôt par blog.
    Coline

    Pour Henry; je t'embrasse. Bravo pour votre voyage qui me fait bien rêver!!
    Coline

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  2. oh que la vie a l'air dure...

    On pense bien à vous en vous enviant très fort.

    Bises à tous,

    Jean-Baptiste

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  3. Salut les cousins, profitez bien de la balade.
    Les filles ne prenaient pas trop d avqnce sur le CNED, il faut en laisser aussi pour la fin. Bon courrage au papa pour l adaptation au "c est tous les jours Mercredi ..." Tu verras on s y fait finalement tres vite. Et Bravo a Astrid qui est sans aucun doute le vrai capitaine du bord. Henri, si tu as besoin d un Iridium, je te passe le mien qui traine au fond de mon placard.

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  4. En effet , certains de tes collègues ont bien repris le travail !
    Je ne ferai aucune référence au socle commun ou à quoique ce soit qui puisse détonner avec les images que vous nous envoyez .
    Merci pour le soleil , bon voyage !

    Bruno Bordage (Anglais)

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  5. Ah l'Italie, quelle chance vous avez! Il y a juste les photos qu'on ne peut plus agrandir comme avant en cliquant dessus, du coup on manque tous les détails les plus importants, comme les mimiques de Rose par exemple :)

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  6. Salut à vous
    Content que la traversée pour la Sicile se soit bien déroulée. Pour nous les choses avancent l'expert à donner son accord pour les travaux
    Y a plus qu'à faire.
    On vous fait signe qu'en on quitte Cagliari
    A plus
    Les Miaouss

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  7. Salut Henry et la petite famille,
    Bravo pour votre virée . Je lis depuis le début vos exploits .Félicitations pour la rédactrice ainsi que pour le photographe amateur. N'oubliez pas que vous pouvez toujours changer de cap et nous rejoindre en octobre aux Antilles. Il y fera certainement plus chaud qu'en Grèce. Je vous embrasse tous .
    Pascal

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  8. C'est la rentrée...on est enfin connectés...et on vous admire ! Après le dîner nous lisons les aventures de la famille Datcha, Syméon ne perd pas une miette de se que dit (fort joliment) son tonton Riton!Les filles sont belles avec leurs cheveux courts, tout semble simple et limpide commes les eaux dans lesquelles vous vous baignez(je me doute que ce n'est pas si simple que ça, mais les blogs, c'est fait pour rêver!)

    Vous réveillez en nous des envies de tout quitter...nous vous raconterons notre Tro Breiz à vélo...

    Laurent est prêt à partir vous rejoindre dès la fin juin, d'ici là nous allons intaller une carte prèe de l'ordi pour vous suivre plus facilement !

    Bravo les Destremo,vous êtes nos globe-trotters préférés !
    A très vite, et en union de prière
    C&cie

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  9. Salut les amis. Ca fait loin depuis le 14 juillet. On vient enfin de retrouver l'adresse de votre blog mais on patine encore un peu pour vous écrire. Ce message est un test en attandant mieux. En tous cas on pense tout le temps à vous et on vous aime
    Laurent and co

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  10. Les Zablots encore !
    Génial ça fonctionne. Allez au boulot, on est déjà le 12 septembre, Ste Victoire, et on a rien à se mettre sous la dent depuis les parents de Mario le 2 septembre - jamais vu quelqu'un d'aussi malade en mer, l'overdose de thon sans doute vue votre menu... à part Henri peut-être au large de la Baule il y a un an. On pense à vous tous les soirs en foulant notre tapis Destremeau. Profitez, profitez et surtout qu'on en perde pas une miette.
    Bisous à toute la famille - bravo les filles! - et bonne taloche virile à tonton riton.
    Laurent and CO
    Au fait Henry, au niveau hygiène c'est comment ? La machine a laver t'a laissé une petite place ?
    Re aufait : Henry t'a-t-on déjà dit que tu écrivais très bien ? SI si je t'assure, style limpide, poétique juste ce qu'il faut, la petite touche d'émotion au bon moment, un peu de philo et de spi. Top ! Astrid, si je ne te complimente pas, ce n'est pas que tu écris mal, bien au contraire - j'ai adoré le capitaine crochet et les bandits sardes -, mais seulement que je suis moins surpris.

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