mercredi 30 novembre 2011

La Cappadoce vue par Marguerite


 La Cappadoce est une région superbe que nous avons visité pendant 3 jours. Nous avons dormi à Göreme et c'est de là que nous avons visité les alentours. Nous sommes arrivés une après-midi en car dans la " KÖSE pension",une pension très bien. En arrivant dans la pension, les parents demandent une chambre de 3 lits. Raphaël, un Suisse qui travaille ici, nous en donne une. Mais nous devons dormir à 6 dedans! Après quelques explications avec le patron, 2 matelas arrivent. A tour de rôle nous dormons par terre. Cette fois-ci les parents décident ainsi : Louise et Rose dorment tête-bêche sur le plus grand matelas, Violette sur l'autre matelas et les autres (dont moi !) sur les lits.

sympa, la pension Köse

Il y a une piscine à la pension, mais comme en général en cette saison il fait en dessous de 0° la nuit, elle est transformée en patinoire. Un matin, Rose a voulu patiner... patatras ! La couche de glace était trop fine et elle tombe dans l'eau ! Bonne douche chaude et sacs en plastique ne font pas de mal pour réparer cet incident.

Le premier soir, nous sommes montés sur une plate-forme au-dessus du village. Le village est comme dans un creux entouré par des falaises. On a vu toutes les lumières du berceau de Göreme et du piton abrupt d'Uchisar, un village un peu plus loin. En redescendant dans le village, on passe devant un marchand de tapis. Pendant que Papa et Maman regardent des tapis, un monsieur nous offre 3 thés à la pomme (miam !) et nous montre des tapis. On lui apprend les couleurs en français car il a très envie. Ensuite, nous le suivons dans un petit magasin derrière qui vend des épices et des sucreries (le magasin est à lui). Il nous donne des bonbons et nous montre des derviches tourneurs en porcelaine. Mais Maman vient nous chercher et nous lui disons au revoir. Il était trop gentil !

Le lendemain matin, nous prenons un taxi pour la Vallée des Moines. Cette vallée s'appelle ainsi car autrefois des moines se perchaient en haut de sortes de colonnes de pierre qu'on appelle des cheminées de fée. Ils creusaient dans la roche leur chapelle et leur maison. Ils ne redescendaient que pour recevoir les quelques aliments que leur offraient les fidèles. Nous escaladons encore et encore les collines en tuf, qui ne glisse pas du tout. Maman nous explique que la région a été recouverte de cendre et pierres ponce (tuf) puis de lave, et le vent et la pluie fissurent la croûte du dessus plus dure et émiettent la couche du dessous plus tendre.


















Ensuite nous prenons un taxi pour Avanos. Nous pique-niquons au bord du plus long fleuve de Turquie  (1000 km environ). On visite la ville (plein de potiers) et nous prenons un bus pour Ozkonak. Là, on visite une ville souterraine qui a 10 étages et qui fait 10 km de long. C'était une ville où les gens se réfugiaient en cas d'invasion. Au premier étage on met les bêtes, aux  2ème et 3ème, il y a des réserves de nourriture et des greniers, et les autres étages pour les habitants. Les gens pouvaient tenir plusieurs mois. Entre les étages il y avait des tout petits tunnels pour ralentir les ennemis. Il fallait mieux ne pas être trop grand ! Cette ville sous terre a été découverte par l'imam du coin qui arrosait ses salades et trouvait que l'eau s'écoulait très vite.  Il a creusé la terre et trouvé une des cheminées d'aération de la ville, bonne surprise !





dans la ville souterraine







l'imam qui a trouvé la ville souterraine et son fils


Ensuite nous prenons une voiture pour aller en haut de la colline où il y a une antenne électrique. Rien d'intéressant sur cette antenne moderne mais Maman avait lu dans un guide qu'on pouvait descendre à pied jusqu'à Avanos. Mais nous avons du nous tromper de chemin, et la balade était très longue et nous ne savions pas où nous allions, avec le soleil qui se couchait. Heureusement, au bout d'un certain temps, un monsieur nous a pris en stop et, par chance, il allait à Göreme !







Après une bonne nuit, nous repartons de bonne heure (c'était dur car il faisait très froid) pour le musée en plein air. Il y avait beaucoup d'églises taillées dans la roche et qui étaient très bien conservées. A une époque, les chrétiens n'avaient plus le droit de représenter des figures humaines, et après on a décidé que les figures humaines pouvaient être représentées. Sur les murs des églises, on voyait des humains (Jésus, Marie et des saints) et en dessous des formes géométriques. Un groupe de Japonais qui visitait le musée en plein air nous a pris en photo avec tous les gens du groupe. Ils nous ont fait des bisous et nous ont dit tout le temps "four girls, four girls".



Papa avait vu sur une carte de la région qu'il y avait une balade à faire du côté du musée. On a marché 500 m au bord de la route et il y avait un chemin. Nous l'avons pris. Il était génial ce chemin ! Il y avait des tunnels avec des ruisseaux gelés et même des maisons dans la roche et plein de pigeonniers. Nous avons pique-niqué au milieu d'un champ avec des radis, des dattes et des figues séchées. Ensuite on est rentré à la pension à pied. On était bien fatigués !


























Le lendemain matin, Papa a loué des  vélos pour lui, Violette et moi. Pendant ce temps, Maman, Louise et Rose sont restées à la pension. Nous avons suivi pendant quelques minutes la route qui menait à Avanos. Mais on a vu une montgolfière par terre dans un champ à côté de la route. Des monsieurs étaient en train de la faire monter dans l'air. C'était un ballon pour des touristes. C'était très impressionnant car c'était très haut et il y avait une ombre énorme. J'étais contente d'en voir une de près parce que tous les matins on en voyait des dizaines dans le ciel. Nous avons pris un chemin qui menait à la route. Sur le chemin, il y avait un monsieur et une dame qui petit-déjeunait sur une pierre. Ils nous ont donné des omelettes à la tomate dans du pain et des jus de fruits. Nous avons un petit peu parlé avec eux mais ils ne parlaient pas très bien anglais et nous ne parlons toujours pas turc ! Nous sommes repartis sur la route et avons trouvé le chemin. Au début, c'était un chemin carrossable donc il était large. Mais après nous avons pris un chemin très étroit. Parfois, il était entièrement gelé. Il y avait aussi des tunnels. Mais le chemin était bouché et nous nous sommes rendus compte  que nous nous étions trompés de chemin. Nous avons retrouvé le véritable chemin. A la fin, c'était très dur et Papa a du porter les vélos. Nous sommes rentrés par la route à Göreme. C'était épuisant mais un inépuisable souvenir. On a retrouvé Maman, Louise et Rose et avons déjeuné dans un petit restaurant.





"Love Valley"



après l'effort...
En début d'après-midi, on a pris un car pour Sivas, une ville dans l'Est de l'Anatolie. C'est ainsi que nous avons quitté la Cappadoce. J'ai beaucoup aimé la Cappadoce car c'est une région magnifique et que j'aime beaucoup l'escalade.

samedi 26 novembre 2011

La terre ferme (du 18 au 24 novembre)

la Turquie, "tradition et modernité", cliché mais aussi réalité
Depuis quelques jours, nous sommes de retour sur la terre ferme, plus de brise marine, ni de clapot pour nous bercer... C'est maintenant comme un deuxième voyage qui commence, une deuxième tranche de 4 mois, après ces 4 premiers mois de navigation. Ces plus de 120 jours avec Datcha nous ont déjà comblés, tellement d'endroits découverts, de moments inoubliables, de rencontres marquantes ! Tellement de chance aussi, que tout se soit si bien passé... Nous ne pouvons que rendre grâce pour ce "premier" voyage, et confier la suite... 

Vendredi 18 novembre, nous avons donc laissé Datcha bien accroché (espérons !) à Capi Creek, sous l'oeil bienveillant de Denys.



Notre transfert vers la terre s'est fait grâce à un pêcheur du coin, dont nous avons utilisé le bateau et aussi la voiture jusqu'à Dalaman.

ciao, Datcha !




De là, nous prenons un bus (le premier d'une longue série) vers Antalya que nous rejoignons en quelques heures (on aurait mis quelques jours en bateau !). Nous avons choisi, pour ces semaines en Turquie, d'utiliser le réseau de bus entre les villes, très bien organisé. Les filles sont aux anges quand elles découvrent que chaque siège a un écran avec plusieurs chaînes de télé ... en turc (mais cela ne semble pas les déranger), voilà l'assurance de passer de bons voyages pour les parents ! Il y a de nombreuses compagnies de bus en Turquie, qui offrent à peu près les mêmes prestations. Nous débutons avec la "Pamukkale", grand style, jugez-vous même !





Nous voilà donc itinérants, sac au dos pour chacun (+ un trolley bien chargé), et, sans notre maison flottante, nous épluchons le Guide du Routard pour trouver LA pension qui nous proposera UNE chambre pas trop cher, et si possible propre et chaude... Pour l'instant, ce fameux guide a fait une fois de plus ses preuves, et nous avons chaque nuit trouvé notre bonheur. Les filles sont de bonne composition, et ne se plaignent pas trop pour l'instant...

admirez les couvertures...

Un autre critère de choix de la pension, peut-être le plus difficile à remplir, est de viser l'éloignement maximum d'une mosquée... le réveil de 5 h 30 étant de plus en plus mal vécu. On espère que nous allons prendre le pli et ne plus l'entendre, sinon les filles vont demander à leur père de faire comme OSS 117 !

vue de la chambre d'hôtel à Egirdir, on n'a jamais été aussi proche du minaret !
 A Antalya, très grande ville sur la côte sud, deux événements familiaux : à nouveau des retrouvailles avec les parents d'Astrid, qui terminent leur voyage, et les 7 ans de Louise !

Louise rêvait d'un beau gâteau d'anniversaire...

...ce sera plus modeste, circonstances obligent !

Près d'Antalya se trouve Termessos, un site archéologique incroyable car situé dans un majestueux cadre de montagne boisée, et, à peine fouillé, on a l'impression en le visitant d'être des explorateurs, et de réveiller les morts de la gigantesque nécropole... On sait peu de choses des Termessiens, peuple de Pisidie, farouches et belliqueux, qui ont repoussé Alexandre le Grand en 333 av.JC, et qui devinrent  par la suite des alliés indépendants de Rome.

la porte du temple d'Hadrien







pique-nique dans le théâtre
du haut des gradins

La nécropole est impressionnante, un chaos de sarcophages éventrés, que l'on découvre au milieu de la végétation, une vision de fin du monde, due en fait à un tremblement de terre.
Une atmosphère unique, qu'on a beaucoup aimé.













D' Antalya, nous prenons un bus dimanche 20 novembre pour aller vers le nord, à Isparta, une ville placée sous le signe de la rose !



C'est en effet à Isparta qu'est produite une grande part de l'essence de rose vendue ensuite aux parfumeurs du monde entier. Nous ne pourrons pas admirer les roseraies, mais les filles sont subjuguées par les boutiques où TOUT est rose, du meilleur goût d'ailleurs (on en reparlera...) !


Nous faisons la rencontre d'Ibrahim, un commerçant d'Isparta, très sympa, et qui a une vraie envie de connaître notre vie et de nous raconter la sienne, toujours cette ouverture, et ce sens de l'accueil de la part des Turcs.

Mais notre route continue, et nous devons quitter Ibrahim pour nous rendre à Egirdir, sur les rives du lac du même nom. Nous sommes maintenant en Anatolie qui signifie "lever de soleil" en grec  (Delphine tu nous confirmeras !), l'Asie mineure de l'Antiquité, une immense péninsule à l'Ouest de l'Asie, comme si l'Asie tendait la main vers l'Europe...



Halte de 2 jours à Egirdir, bon bol d'air très frais, on a l'impression d'être passés directement de la fin de l'été à l'hiver, donc on accumule les quelques vêtements que l'on a emporté avec nous !

les pêcheurs d'Egirdir



Une journée d'excursion vers un canyon avec Gengis, dynamique  chauffeur de taxi.











elles sont folles, ces filles !

Puis, direction Konya, à 250 km environ, plein Est. C'est la 4ème ville du pays avec plus d'un million d'habitants, d'immenses banlieues, mais la ville a l'air bien organisée avec un réseau de transports en commun très efficace. "Iconium" fut la capitale du sultanat seljoukide, et elle garde de cette période quelques monuments, dont des superbes médersas ( école coranique). Konya est surtout connue pour être une ville sainte, depuis que "Mevlana" (= "notre maître") y fonda l'ordre des derviches-tourneurs au XIIIème siècle.



la tekke de Mevlana, avecc le cône recouvert de faïence vert au-dessus du mausolée
les tombes des disciples
la fontaine aux ablutions derrière les tombes

les filles sont toutes déçues de ne pas se mettre en chaussettes
Depuis 1926, le "tekke" (monastère) de Mevlana n'accueille plus de moines, mais il reste un lieu de pèlerinage très important pour les Turcs, qui viennent se recueillir sur la tombe du Maître. Celui-ci était à la fois théologien, mystique, philosophe, poète. "Plusieurs chemins mènent à Dieu, j'ai choisi celui de la danse et de la musique." On aurait beaucoup aimé assister à une cérémonie de danse des derviches-tourneurs, mais elles n'ont lieu que le samedi soir, et on ne comptait pas rester plus de 3 jours à Konya. On va essayer d'en trouver une à Istanbul, à suivre...


Influence de cette présence religieuse musulmane forte, voile de rigueur, pas de short ni mini-jupe à Konya... et aucun restaurant ne sert d'alcool !
on se rabat sur le thé


On a passé pas mal de temps aussi à déambuler dans le bazar, pas du tout touristique, et très fréquenté. Vraiment sympa comme ambiance, même si on ne fait pas beaucoup de péché d'envie, tellement les étalages sont tous plus kitsch les uns que les autres, impressionnant à ce point là !

un échantillon du goût turc
vaste choix de foulards...
vaste choix d'épices

trop bon, les loukoums !
Au détour d'une rue, nous tombons sur une vitrine qui nous attire tant elle dénote sur les autres... c'est un atelier qui fabrique plein d'accessoires de mode et de déco à partir de laine feutrée et de soie, tous très originaux et qui nous plaisent beaucoup. Une jeune femme nous explique la fabrication, et nous commençons à discuter. Selma parle très bien anglais, prend des cours de français et nous passons un bout de temps avec elle. Elle propose de nous inviter, mais nous repartons le lendemain... nous échangeons nos adresses, en ayant comme la certitude que nous nous reverrons, étonnant de se sentir ainsi sur la même longueur d'ondes avec une étrangère !




Jeudi 24 novembre, nous plions bagage, et notre petite caravane se dirige vers la Cappadoce en faisant escale dans un des caravansérails les mieux conservés de Turquie : Sultanahiye, austère forteresse au portail finement sculpté.






l'immense vaisseau à 5 nefs pour le bétail




Depuis 2 jours, nous arpentons la Cappadoce, suite au prochain numéro ! En attendant, toute la famille vous envoie plein de pensées chaleureuses !