jeudi 26 janvier 2012

BLANC comme LIBAN

Chère famille, chers amis,

vue du village de Kfarnabrakh, un jour où il fait presque beau !

Savez-vous que le nom Liban vient du mot "louban" qui signifie "blanc" ?

Mais quel rapport entre ce pays du Moyen-Orient et la couleur blanche ??!

Voici 3 pistes d'explication que nous avons trouvé... qu'en pensez-vous ?

Première possibilité, le petit ange BLANC qui s'est posé sur Beyrouth dimanche dernier et qui a fait sa Première communion à l'église.... Notre-Dame des Anges ! Louise a eu beaucoup de chance d'avoir une préparation "sur mesure" par le Père Bernard Hamm, un capucin d'origine alsacienne qui vit depuis plus de trente ans au Liban. Elle a été la seule à recevoir la Première communion lors de cette cérémonie très simple et profonde, qui restera certainement un des moments forts du voyage. Nous avons aussi été très touchés par l'accueil que les habitués de la paroisse nous ont offert, un merveilleux cadeau, à garder en mémoire quand nous serons de retour en France !






Déjeuner festif ensuite avec quelques familles amies, libanaise, franco-libanaises et française, ce qui nous a permis de ne pas avoir trop la nostalgie de la France... même si nous y avons bien pensé, et en particulier aux grands-parents et à Rémi et Delphine, parrain et marraine de Louise.



Deuxième possibilité, BLANC comme le voile que portent les femmes druzes ou encore le bonnet des hommes druzes. Les druzes sont très présents dans la région du Chouf et on les croise partout, en tenue traditionnelle, dans les magasins, ou dans la rue.
Mais qui sont-ils exactement ? Une invitation chez cheikh (prononcez cher...) Karam et son épouse Youssra nous ont permis d'apprécier leur sens de l'hospitalité, et de mieux connaître cette importante communauté religieuse présente en Syrie, en Israël et au Liban.  Issus du chiisme (donc de l'Islam) au XIème, ce sont les druzes qui ont en premier, avec les maronites, peuplé la montagne libanaise et constitué l'Etat. Leur religion est peu connue, réservée aux initiés (comme cheikh Karam) et se transmet par le sang. On ne peut pas se convertir à la religion druze (Henry a demandé...). Les druzes sont monogames, ne boivent pas d'alcool. Ils ont une relation personnelle avec leur Dieu unique, il y a peu d'intermédiaires. Ils ne vénèrent pas le Coran, mais les Livres de la Sagesse dans lesquels ils trouvent, individuellement, leur voie.

Excellent et abondant dîner pris assis par terre comme il se doit

Les enfants des familles druzes peuvent aussi porter le costume traditionnel, si les parents le souhaitent. A 18 ans, les jeunes ont la liberté de continuer ou non.


Nous avons été rejoints au cours du diner par Stan et Priscille, venus au Liban pour le travail, et pour se balader.

Troisième possibilité enfin : la NEIGE ! Et oui, une grande partie du territoire libanais est couvert par deux chaînes de montagne. Le Mont-Liban, parallèle à la côte, culmine à plus de 3 000 m et permet, au printemps, de skier le matin et de se baigner l'après-midi !  Et le Mont Anti-Liban, plus à l'intérieur du pays, forme la frontière naturelle avec la Syrie. Ce sont les sommets enneigés du Mont-Liban , uniques au Moyen-Orient, qui ont donné à cette région le nom "louban" signifiant "blanc", et que l'on retrouve dans le mot "laban" (nom du yaourt local dont se délectent Henry et les filles).
les vestes de quart sont décidément très polyvalentes !


Bons baisers frisquets du pays du Cèdre !

les Destremau libanophiles


mardi 17 janvier 2012

Chou le Chouf ? (C'est quoi le Chouf ?)

                Kifkoun Habibi ??  (Comment allez-vous,les chéris, grande expression libanaise...)


               Nous voilà depuis plus de deux semaines "installés" dans la belle région du Chouf, verte et montagneuse, à environ une heure de voiture de Beyrouth. Mais qu'est-ce que nous faisons là-bas, au milieu de nulle part ??? Ce n'est pas uniquement pour respirer de l'air presque pur et avoir la vue sur les montagnes enneigées, c'est aussi pour passer du temps avec des membres de l'ONG libanaise arcenciel et leur donner un petit coup de main pendant les quelques semaines où nous prenons nos quartiers d'hiver au Liban.


                        arcenciel est en charge d’une école au Liban, dans la région du Chouf, à Kfarnabrakh. Située dans une zone rurale du pays, le Chouf souffre depuis de nombreuses années de problèmes tant économiques que sociaux qui se manifestent par une désertification des villages. Cette région a souffert d’un véritable déséquilibre démographique suite aux nombreux déplacements des populations qui ont eu lieu pendant les guerres successives, de 1975 à 2006. Il en résulte que de nombreux villages n’abritent plus que les familles les plus démunies, celles qui n’ont pas les moyens de vivre toute l’année à Beyrouth. Cette région a également connu de vives tensions communautaires (entre chrétiens et druzes), il est donc nécessaire que les enfants apprennent à vivre ensemble, à respecter les différences et à accepter l’autre tel qu’il est.
Cette région ne dispose pas de structure d’accueil permettant l’accès ou l’intégration dans le système scolaire des enfants porteur d’un handicap. La majorité de ces enfants n’est donc pas scolarisée. Certains d’entre eux sont intégrés à des classes normales, où ils ne disposent pas de dispositif adapté à leur situation, et où, par conséquent, leur scolarisation est un échec.  D’une manière générale, la question de l’intégration scolaire commence tout juste à émerger au Liban, et les pouvoirs publics ne sont pour l’instant pas force de proposition.
L’école al Mahabba a pour objectif l’accueil de tous les enfants de la région quelle que soit leur situation sociale ou leur religion. L’école est composée de deux bâtiments séparés l’un de l’autre et accueille des enfants de la petite section de maternelle jusqu’au brevet des collèges, soit 130 enfants au total, âgés de 3 à 16 ans. Dans ce contexte, et soucieux de concrétiser un principe d’égalité d’accès à l’éducation, arcenciel a mis en place une classe spécialisée, divisé en deux unités (classe spécialisée et soutien scolaire), répondant aux besoins de la communauté locale et accueillant 10 enfants souffrant de différents handicaps tel que le retard mental, la trisomie 21, l’autisme,….

C'est donc un beau projet que cette école, et un couple de jeunes Français, Thomas et Annabelle,  en a pris la tête depuis cette année, tâche loin d'être évidente ! Ils nous font part de leurs difficultés, de leurs interrogations, et nous sommes vraiment admiratifs de leur implication, motivation et enthousiasme ! Nous avons également rencontrés Servane et Etienne, volontaires venus pour 5 mois faire profiter arcenciel de leurs talents d'institutrice et d'agronome.

Nous leur sommes également très reconnaissants de nous avoir accueillis dans la maison qu'ils occupent, au-dessus de l'école maternelle, d'avoir un peu poussé les murs pour faire de la place pour notre petite tribu. Nous voilà donc en co-location, dans des conditions un tant soit peu rustiques, qui permettent d'évoquer avec les filles le mode de vie au Moyen-Âge ! Chauffage au pôele à mazout ou à bois dans les chambres et une pièce commune uniquement, deux heures d'eau chaude par jour, de l'eau rationnée (douche quotidienne s'abstenir !), des coupures d'électricité (un générateur prend alors le relais d'EDL), le tout avec un climat très frais et très humide !


Mais loin de nous l'idée de nous plaindre, et d'ailleurs les filles (et leurs parents !) se plaisent dans ce nouvel environnement. Est-ce le fait d'avoir posé nos bagages ? possible...  D'aller à l'école ? sûrement... Incroyable comment en une demi-journée les filles avaient déjà trouvé leurs marques, il faut dire qu'elles ont été très bien accueillies. Henry ne comprend pas comment on peut aimer autant l'école... C'est surtout à Marguerite que manquent un environnement scolaire stable, des professeurs autres que ses parents (!) et des amis de son âge. Elle en profite donc à fond pendant quelques semaines, désespérée quand l'école ferme à cause de la neige (comme c'était le cas jeudi et vendredi dernier) !

les onze ans de Marguerite

Et les parents, que font-ils pendant ce temps ??
Pour Astrid, c'est un retour à l'école également, avec le remplacement d'une enseignante de français en CE1 et CE2. Beaucoup de bonheur dans cette expérience d'"instit" (décidément sa vocation première), avec des petits élèves enthousiastes mais aussi très vifs ! Epatants ces enfants qui commencent déjà à maîtriser la langue française avec pourtant un alphabet différent, une grammaire qui n'a rien à voir avec celle de l'arabe et surtout alors que la plupart du temps ils ne la parlent pas chez eux. Ils ont en plus du mérite, car les conditions d'enseignement laissent parfois à désirer, ce matin par exemple, pas d'électricité pendant 4 heures... Découverte aussi d'une manière un peu différente de gérer la discipline... les profs laissent faire beaucoup ( alors qu'il y a encore quelques années il existait les punitions corporelles) ou bien crient pour essayer de couvrir le bruit des élèves ! Seul le surveillant général, Monsieur Ziad, terrorise les élèves, un peu à la manière du directeur dans les Choristes...


la salle des profs

Henry, quant à lui, n'a pas forcément une mission très clairement définie, mais il donne un coup de main dans une pépinière près de l'école et va faire une formation de paysagiste pour des personnes d'arcenciel. Aujourd'hui il est allé à Tanayel, une grande exploitation agricole créée par les Jésuites et gérée aujourd'hui par arcenciel. Il découvre aussi petit à petit de l'intérieur quelques aspects de la gestion de cette grosse ONG, véritable "entreprise sociale", selon l'appellation contrôlée...


 Autre énorme atout du Chouf :
le Centre culturel français de Deir-el-Kamar, installé dans un ancien caravansérail de la soie. Une véritable mine pour nous un peu frustrés de bouquins et DVD, il fallait voir la tête des filles la première fois que nous sommes entrés dans cette médiathèque ! Depuis nous y passons pas mal d'après-midi, seuls dans ce superbe lieu, le bibliothécaire commence à bien nous connaître ! Merci la Francophonie !


belle architecture ottomane

l'ancien caravansérail de la soie, karissïe




Deir-el-Kamar (à quelques km de Kfarnabrakh) est une ravissante petite ville, ancienne capitale historique, à majorité chrétienne, que nous avions visité du temps où il faisait beau au Liban, pendant les vacances de Noël avec la famille.

une des plus anciennes mosquées du Liban





 

Toujours dans le Chouf, le palais de Beït-ed-Dine,  véritable palais des Mille-et-Une Nuits.





 

Voilà rapidement quelques petites nouvelles de notre vie libanaise, agrémentée de week-end beyrouthins. Au programme dimanche prochain : la Première communion de Louise dans une paroisse francophone, on vous racontera.
D'ici là toute la petite famille vous embrasse, et spécialement la famille Doulcet réunie samedi prochain !






mardi 10 janvier 2012

Vive la rentrée à Kfarnabrakh !

Voici "à chaud" (façon de parler, on a très froid ici  !) les premières impressions des filles sur leur immersion dans une école libanaise francophone :

Louise : les bâtiments sont pas très jolis, mais à l'intérieur c'est très bien. Les classes sont petites et elles sont souvent chauffées par un poële.

Violette : il y a 12 élèves dans ma classe et on a un uniforme : une chemise à carreaux bleu et blanc et un pull bleu marine avec les insignes de l'école. On a plusieurs professeurs, un par matière. Ce sont tous des femmes, sauf le prof d'art qui est un druze, il est super !



Marguerite : je n'aime pas trop le survêt qu'on doit mettre pour le sport !


Louise : les cours commencent à 8 h et se terminent à 14 h 30 avec 2 récrés d'une demi-heure environ où tous les élèves mangent une tartine ou un sandwich. On peut en acheter à une dame qui tient une petite cafétéria. Sinon les élèves déjeunent en rentrant chez eux, donc vers 15 h.


Marguerite : ce sont des horaires un peu bizarres, on a l'impression de manger tout le temps et en même temps on a vraiment très faim à la fin ! On nous a expliqué que cela vient de la période de la guerre où ils ont essayé de limiter les transports pour éviter les bombardements...

Rose : je suis en grande section. J'aime bien ma blouse rose ! J'ai plusieurs maîtresses et je fais de l'arabe. Au début je croyais que les élèves se moquaient de moi en arabe, mais maintenant ça va.



Louise : moi aussi, j'aime bien rester au cours d'arabe et je commence à apprendre des mots. "scout" ça veut dire "tais-toi".  La maîtresse d'arabe dit même que j'écris très bien. J'ai des amis aussi qui m'apprennent des mots, comme les jours de la semaine.



Violette : les élèves parlent arabe entre eux, et ils me parlent en français mais je ne comprends pas toujours ce qu'ils disent parce qu'ils ont un super accent. Pour le "r", ils disent "l", par exemple.

Marguerite : je suis tellement contente de retourner enfin en classe, d'avoir différents profs et surtout de me faire des amis ! J'ai été très bien accueillie, ils sont tous super gentils.