mardi 27 mars 2012

"Là où les arbres poussent à l'horizontale" !

                                               "Là où les arbres poussent à l'horizontale" !

Depuis lundi après-midi, 26 mars nous sommes bien installés au fond du petit port de Kasos, une minuscule île, la plus au sud du Dodécanèse, au Nord-Est de la Crète. Tellement bien installés que nous ne savons pas quand nous allons en repartir !


Le vent est souvent fort dans la région située entre Rhodes et la Crète, et voilà la météo pour les jours à venir :

plus c'est rouge, plus ça souffle... pas très engageant donc !

Nous avons quitté la ville de Rhodes dimanche matin, tôt, par un temps superbe (et pas de vent !) pour aller jusqu'à Chalki, un tout petit îlot à l'Ouest de Rhodes. Notre intention est de rejoindre la Crète par petites étapes, si possible avant la fin de la semaine... car Henry aimerait beaucoup participer à la fête pour les 100 ans de sa grand-mère paternelle, on verra  !

Chalki, 150 habitants, est un gros caillou escarpé, aride, avec un petit port trop mignon !

Les maisons, colorées, sont toutes plus mignonnes les unes que les autres, un vrai décor de théâtre.

Datcha trouve sa place au milieu des bateaux de pêche.


Les filles vous présentent la pêche du jour, des oursins, pas de quoi faire un dîner malheureusement !


Petit tour à la chapelle...

...et le soir, bonne surprise, cinéma pour tout le monde ! Un prof de littérature grecque, Stéphane, organise des scéances tous les samedi soir, et ce soir c'est un film en français : Le Havre (du finlandais Kaurismaki), "spécial" mais intéressant.
Stéphane nous parle de sa vie à Chalki, dont il n'est pas originaire mais où il a été envoyé car personne ne voulait y aller ! Son salaire est passé de 1000 à 600  € depuis la crise. Le collège de Chalki compte...15 élèves et 15 professeurs ! On n'est pas certain de la logique financière de l'opération...

Le lendemain matin, sitôt le petit-déjeuner avalé, nous reprenons la route pour atteindre l'étape suivante : le nord de Karpathos, où nous visons un mouillage. Le vent se lève, du Nord-Ouest, donc parfait pour nous. Bonne navigation, sur une mer plate, on peut donc envisager de travailler un peu !

A l'approche de Karpathos, l'île nous cache le vent et nous allumons le moteur. Henry trouve qu'il fonctionne bien mais que le bateau ne va pas aussi vite que d'habitude... et après s'être penché à l'arrière, il dégage un grand morceau de bâche en plastique coincé dans le gouvernail, puis un autre morceau dans l'hélice... qui a dit que la Méditerranée était polluée ?

Un passage un peu délicat nous attend maintenant : nous voulons passer dans un chenal étroit entre le nord de Karpathos et un îlot plus au nord. Or le Guide nautique ne garantit pas la profondeur, et la carte électronique n'est pas très précise... Un peu d'adrénaline donc, cela faisait longtemps, quand nous nous engageons dans un goulet avec un vent fort qui vient d'en face par rafales.




OUF, il y a moins d'1 m d'eau sous la quille, mais ça passe ! Nous avons ainsi gagné un peu de temps pour atteindre plus vite le mouillage de Tristoma. Là encore, un peu d'appréhension, car la description n'est pas très précise dans le Guide, et nous espérons être bien à l'abri car il n'y a guère d'autres possibilités de s'abriter sur cette longue île battue par les vents, le port principal étant situé au sud-est de l'île, donc loin de là où nous sommes !


L'entrée de la calanque est très étroite, heureusement il n'y a pas de mer, et pas trop de vent !

en regardant vers l'Ouest, vers l'extérieur, l'entrée de Tristoma, barrée par 3 rochers

ça y est,  on est rentrés, on se sent déjà plus en sécurité, maintenant il faut trouver le meilleur endroit pour jeter l'ancre.

ce sera finalement dans une petite anse au nord-est de la calanque, où nous espérons être le mieux protégé du vent d'ouest qui monte !

L'endroit est merveilleux, complètement sauvage et isolé, un petit air de Patagonie, vous ne trouvez pas ?

Nous débarquons pour explorer le fond de la petite baie. Quelques maisons plus ou moins en ruines, une minuscule chapelle, un vieux moulin, une atmosphère de fin du monde qui nous ravit...




Incroyable, Tristoma, ce bout du monde qui n'est pas relié par la route au reste de l'île, est habité !
Ce petit couple vit toute l'année dans une petite maison très rustique, à 1 h 30 en bateau du village le plus proche. Cela nous va de ne pas nous savoir tout seul, on n'est pas prêts pour naviguer en Terre de Feu !

Apercevez-vous Datcha au loin ?

La nuit ne fut pas des meilleures, notre mouillage nous met à l'abri des vagues mais pas du vent qui forcit et nous craignons de déraper vers les rochers tout près... Nous anticipons aussi sur la journée du lendemain, et c'est dès l'aube que nous levons le camp pour rejoindre Kasos. Moins de 30 miles, ce n'est pas une trop grande traversée, mais l'endroit n'a pas très bonne réputation et la météo annoncant de plus en plus de vent (plus de 20 N) nous voulons nous mettre à l'abri le plus vite possible. Aucune envie de rester bloqué à Tristoma (qui porte bien son nom ) pendant plusieurs jours !

Datcha gîte pas mal, de plus la mer est plus formée que la veille, agitée et surtout hachée, ce qui rend les mouvements du bateau désordonnés, tout ce qu'on aime. Coment les filles réagissent-elles dans ces conditions ? Assez vite Marguerite, puis Violette, puis Rose ne se sentent pas bien... Marguerite prend un 1/2 Mercalm et reste prostrée dehors sous la capote. Violette gémit un peu, nourrit les poissons puis retrouve la forme et  Rose nous explique qu'elle a "la gerboise" ! Mais en fait elle est plutôt en forme et s'amuse au fond du cockpit avec Louise, toujours aussi inoxydable ! Henry, une fois les voiles réglées, arrive à se mettre en position "sieste" pour récupérer un peu, et Astrid surveille de près la force du vent ! On est tous bien d'accord que ce genre de navigation n'est vraiment pas agréable, mais dans le cas présent nous n'avons pas vraiment le choix, et il faut donc prendre notre mal en patience... Pour écourter et appuyer les mouvements du bateau, nous lançons le moteur, ce qui permet d'accélerer, le vent n'étant pas si fort que cela.

au large de Karpatos, on aperçoit un village perché


Et c'est avec bonheur que nous entrons 5 heures plus tard dans le port de Kasos, au nord de l'île,où il est possible de s'abriter de façon tout à fait convenable grâce à une nouvelle grande digue. Des pêcheurs nous aident à nous amarrer, et nous filons trouver un restaurant pour réconforter tout le monde !



Halte forcée donc de quelques jours, en attendant que le vent se calme pour passer en Crète, mais finalement cela fait du bien de se (re)poser et cela nous plait de découvrir cette petite île.

Petite initiation à la météo locale : quand les nuages s'accrochent au sommet des montagnes, c'est signe de meltem, ce vent fort venu du Nord.

Les habitants de Kasos (800) sont très accueillants. Nous discutons facilement avec plusieurs personnes et nous apercevons qu'il y a une forte tradition d'émigration. En même temps, que peut-on faire sur un îlot comme celui-là, sans eau et avec très peu de terres agricoles ? Nous rencontrons donc des Grecs qui ont vécu en Afrique, en Amérique, en Australie, et sont revenus à Kasos pour des raisons familiales ou pour la retraite. Ils sont très attachés à leur île, mais nous avons du mal à comprendre comment ils peuvent vivre dans un endroit aussi petit et fermé après avoir vécu à l'étranger.

Polly tient un petit bar très sympa sur le port et elle nous explique que devant le manque d'avenir de la Grèce, elle va devoir à nouveau quitter l'île, direction la Floride. Elle parle, sans langue de bois, de tous les abus qui existent depuis des années, et ce à tous les niveaux : les particuliers qui ne paient pas leurs impôts, qui trichent pour toucher davantage d'allocations, les industriels qui ont reçu de l'argent de l'UE sans investir en Grèce, etc...  Elle regrette seulement que ce soient seuls les plus démunis à qui l'on demande de payer pour l'instant.



Bonne balade dans l'île, où il y a plus de moutons et de chèvres que d'habitants !


Et pour terminer, nous vous partageons la dégustation de poulpes du déjeuner, un régal !




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