mercredi 14 mars 2012

Au fil du Nil

Suite du voyage en Egypte : croisière sur le Nil / Louxor


Partis d'Assouan, nous suivons le cours du Nil et remontons donc vers le Nord... logique ! L'étape suivante est KOM OMBO que nous atteignons à la tombée de la nuit, ce qui nous vaut une belle visite au clair de lune. A Kom Ombo, les Egyptiens vénéraient particulièrement le dieu Sobek qui avait l'apparence d'un homme à tête de crocodile. Nous découvrons donc un peu plus le panthéon des dieux égyptiens qui prend parfois l'allure d'un véritable bestiaire. Les Anciens cherchaient ainsi à se protéger de ce qu'ils craignaient, et les nombreux crocodiles du fleuve faisaient partie des dangers de la vie quotidienne.







A gauche, voilà Sobek (de l'allure, non ?) accompagné par une de ses épouses préferées, Hathor (avec les cornes de vache, on en reparlera). Deux petites précisions : d'abord  ces sculptures sont en haut-relief, c'est le fond qui est creusé, ce qui est beaucoup plus difficile que le bas-relief. Ensuite les détails (nombril, muscles du genou) indiquent que ces sculptures datent de l'époque ptolémaïque (la plus récente de l'Egypte ancienne) où les artistes étaient soit grecs, soit influencés par l'art grec.

Le "baptême" du jeune pharaon par Thot (l'ibis) et Horus (le faucon).

Le pharaon reçoit les deux couronnes,  gauche la blanche pour la Haute-Egypte (au sud) et à droite la noire pour la Basse-Egypte (au nord). Il se pose donc bien en souverain unifiant "les deux royaumes".



Mais ce qui a surtout plu aux enfants ce sont les momies de crocodiles retrouvées par dizaines dans ce sanctuaire. Les enfants sont fascinés devant ces géants bien inoffensifs maintenant, mais dont on aperçoit encore les belles dents !


Le lendemain matin, réveil aux aurores pour découvrir le temple d'Edfou. Une surprise pour les enfants, on s'y rend en calèche !



Une belle lumière toute douce éclaire les deux pylônes marquant l'entrée du temple.

Une représentation de pharaon que l'on trouve souvent sur les môles d'entrée : en train de terrasser ses ennemis, pour bien montrer sa puissance. Dans l'Egypte ancienne, le fait de représenter quelque chose ou une idée en peinture ou en sculpture le fait exister, le rend réel.


 Le "fameux" Horus d'Edfou.
Question : pourquoi fronce-t-il ainsi les sourcils ? Réponse : car cela fait plus de 3000 ans qu'il a le soleil dans les yeux !




Arrivés à Louxor, Hugues et Clémence rentrent de leur côté au Caire (ils ont déjà passé plusieurs jours à Louxor) alors que nous avons encore une bonne journée de visite dans la Thèbes antique.

Marguerite doit quitter à regret le petit Melchior "trop mignon". "Mais quand est-ce qu'on aura un petit frère ?", nous demandent les filles !

Sur le bateau nous avons fait une belle rencontre : Samer, Ingi et leurs 3 enfants Farah, Nour et Adam, qui sont des coptes alexandrins depuis toujours. Nous avons bien discuté avec Samer, francophone, est un chrétien engagé et il nous a parlé de la situation des coptes, qui n'est pas très réjouissante. La communauté copte (ce mot signifie "égyptien") est une des premières communautés chrétiennes de l'histoire de l'Eglise, mais les coptes sont vite devenus minoritaires en Egypte lorsque les musulmans ont occupé le pays et ont imposé un impôt aux autres religions que la leur. Cependant, musulmans et chrétiens vivaient en bonne entente jusqu'à il y a quelques années. Les coptes (environ 10 % de la population) sont présents à tous les échelons de la société : il y a des villages entiers de paysans coptes en Moyenne-Egypte par exemple, et d'autre part les coptes sont nombreux parmi la classe dirigeante. Mais depuis quelques années il y a une réelle et terrible volonté de faire du mal à cette communauté ( situation malheureusement identique dans tous les pays d'Orient). Vous avez entendu parler des assassinats visant les chrétiens, ce ne sont pas des actes populaires spontanés mais des attentats commandités par des groupes extrêmistes qui trouvent facilement parmi la population pauvre des volontaires. Aujourd'hui les coptes ont donc peur de l'évolution à venir du pays. Samer nous explique, comme nous l'avions déjà entendu, que de nombreux coptes, tout du moins ceux qui ont les moyens de le faire, quittent l'Egypte. Destination : le continent américain pour la plupart. C'est bien sûr une perte pour le pays, sans parler de toutes les familles ainsi déchirées. On nous a parlé d'un véritable dessein des Etats-Unis d'éliminer les chrétiens des pays du Moyen-Orient, afin de déstabiliser la région et ainsi pouvoir y prendre pied encore davantage... Réalité (dramatique) ou bien paranoïa excessive ? Les Egyptiens ont semble-t-il le goût du "complot", ils s'estimeraient apparemment facilement victimes de machinations internationales... comment savoir ? l'avenir le dira. En attendant le situation des coptes nous touche énormément, et nous étions vraiment contents de faire ainsi la connaissance de Samer et sa famille, en espérant se revoir un jour !

Samer et ses deux filles se sont joint à nous pour une matinée de visite. Au programme : la rive occidentale de Louxor, du côté où le soleil se couche, et donc le domaine des morts.

Un petit tour d'abord pour saluer (Aga)Memnon dont les deux colosses sont tournés vers le soleil levant, seuls vestiges du gigantesque temple "des Millions d'années" d'Amenhotep III détruit par un tremblement de terre et qui a servi de carrière de pierre. La légende dit que Memnon "pleure" au lever du soleil pour appeler sa mère l'Aurore. Nous nous sommes levés trop tard pour entendre ce que disait l'oracle...

Puis nous découvrons la personnalité de la belle Hatchepsout, reine-pharaon du Nouvel Empire, qui s'est fait construire un splendide temple funéraire à la limite du désert.


Hatchepsout, qui a usurpé le pouvoir à son neveu et beau-fils Thoutmosis III (le fils de son demi-frère et mari, vous suivez ?) se fait représenter en homme pendant son règne, mais la finesse des traits de son visage la trahissent.


C'est l'architecte Semnou qui a mené la construction du temple, à plusieurs terrasses au pied des falaises. On dit que Semnou était l'amant de la reine...


La déesse Hathor, qui personnifie l'amour, la musique, la joie, la maternité. En Egypte, dire à une femme qu'elle a des yeux de vache est un compliment !

On aime bien ces chapiteaux hathoriques où Hathor est représentée avec une tête de femme et des oreilles de vache.

Dès la mort d'Hatchepsout, son successeur Thoutmosis III s'est empressé de marteler les cartouches de l'ancienne reine, mais il n'a cependant pas osé effacer la plume de la Maât, symbole de justice, en haut à gauche.


Le vautour et l'aigle étaient deux oiseaux protecteurs de la personne royale, les si belles couleurs d'origine  minérale sont  d'époque.

Incroyable ironie de l'histoire : la momie d'Hatchepsout a été retrouvée début XXème sur le sol d'une tombe de la Vallée des rois, sans parure, ni bijou, ni décoration, ni amulette. Les tests ADN ont permis de l'identifier, et de dire que la reine souffrait d'un cancer des os et que sa mort aurait été hâtée par un abcès dentaire mal soigné.


Pas de photo possible dans les tombes des Vallées des rois et des reines, déjà trop abîmées .


 
L'après-midi, nous continuons en famille la découverte des temples de Karnak et de Louxor, qui permettent d'avoir une idée du pouvoir que détenait le clergé dans l'Egypte ancienne.

Le temple, ou plutôt les temples, de Karnak, le plus grand édifice religieux du monde, est impressionnant par sa taille (1000 m de longueur) et par la richesse de son architecture et des sculptures qu'il contient.  Ce complexe dédié au dieu Amon a été en chantier pendant deux mille ans environ, ce qui était important pour montrer la vitalité de la religion égyptienne. Chaque pharaon a voulu y ajouter sa contribution pour honorer les dieux, mais aussi pour sa propre gloire et pour faire plaisir au clergé tout puissant. Notre guide nous explique que dans l'Egypte ancienne c'étaient les membres du clergé qui possédaient le pouvoir économique, politique, scientifique aussi. Ainsi, avec l'avènement du christianisme et la fin de cette religion païenne, l'Egypte aurait perdu son statut de grande puissance... intéressant comme vision des choses.

Devant l'axe principal. Les 3 grandes suivent de bon coeur la visite, en revanche Rose déclare forfait et préfère une bonne sieste au subtilités de le religion égyptienne...

Dans la salle aux colonnes, véritable forêt de papyrus. Pour Astrid, rien ne vaut les belles colonnes de l'art grec, mais bon, c'est tout de même superbe !



On retrouve Hatchepsout à travers un des obélisques qu'elle a fait ériger mais qui a été enfermé derrière une muraille par son successeur décidément très rancunier.

Le martelage d'Hatchepsout est tellement précis qu'on retrouve très bien la reine !

Maintenant direction le temple de Louxor, lui aussi dédié à Amon.

Une allée de 3 km bordée de deux rangées de sphinx reliait les deux temples entre eux. Une équipe japonaise a pour ambition de restaurer cette allée, ce qui veut dire raser pas mal de bâtiments car c''est la ville maintenant. En tout cas, tout est stoppé pour l'instant, révolution oblige !

Devant le temple, se trouve l'obélisque jumeau de celui de la place de la Concorde. Ils avaient été donnés tous les 2 à la France au XIXème en remerciement de l'oeuvre de JF Champollion. Un seul a été déplacé, ce qui n'était déjà pas facile et il paraît que la France n'a renoncé à ses droits sur le second, donc celui de la  photo, qu'en 1980 !
Dans la première cour du temple, une mosquée a été construite.

Voici Monsieur et Madame Toutankhamon, jeunes mariés, lui a tout juste 10 ans !


En guise de transition :



Après une nuit dans un petit hôtel au standing bien différent de celui du "Royal Lotus", et surtout situé, on s'en est aperçu violemment mais trop tard, à 2 pas d'une mosquée..., nous avons passé une délicieuse journée à se balader dans la campagne environnant Louxor.


Un mode de transport que nous n'avions pas encore utilisé depuis le début du voyage : le vélo. Louise nous fait quelques frayeurs, elle manque d'atterrir dans un canal absolument repoussant de saleté !


                                  Saisissant, ce contraste entre le désert et la vallée si fertile.

                                                    Déjeuner sur l'herbe, très agréable.






            Marguerite voulait absolument vous montrer à quoi ressemble une vache égyptienne...

                                                        L'après-midi, ateliers divers...



                                           Dans une bananeraie, un pigeonnier près du puits.


Lorsque la feuille qui protège les bananes tombera, celles-ci seront prêtes à être cueillies.

On a beaucoup aimé ce moment dans la campagne, où la vie est encore très traditionnelle, avec des techniques agricoles rudimentaires. La vie rurale est encore très présente et importante en Egypte.


              Avant de quitter Louxor, un dernier petit tour dans le souk, les filles sont aux anges !

Pour rejoindre Le Caire, nous avons pris le train de nuit qui comprend, assez inattendu en Egypte, des wagons-lits assez classe. On nous sert un plateau-repas chaud, les lits sont faits, avec vrais drap et couverture impeccables... le temps d'un instant on en vient à oublier dans quel pays on est. Mais la crasse (relative) et les soubresauts du train nous le rappellent vite !
Petit rappel historique au passage : grâce aux Anglais, l'Egypte était le deuxième pays au monde à posséder un réseau de chemin de fer.

Nous avons 3 cabines de 2, avec chacune un lavabo.

                                                                 C'est la fête ce soir !

A bientôt pour le récit du séjour à Alexandrie et au Caire !

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