jeudi 17 novembre 2011

Derniers beaux jours sur l'eau (du 7 au 17 novembre)

C'est entre deux lessives, le nettoyage de la coque de Datcha, le rangements des équipets (ça permet de retrouver plein de choses !), la préparation des sacs pour la virée à terre de quelques mois, et autres réjouissances... que les moussaillons vous envoient quelques nouvelles fraîches. Fraîches comme le sont désormais les matinées et soirées... Et oui, même si nous sommes le long de la côte sud de la Turquie, l'hiver s'annonce, les polaires sont de rigueur, et, Datcha n'étant pas équipé pour des températures trop froides,  nous vivons donc nos derniers jours de navigation pour cette saison 2011. De plus, nous n'avons aucune envie de subir les coups de vent de l'hiver, et, en revanche, sommes très attirés par la visite de l'intérieur de la Turquie.

une gûlet

Depuis 10 jours, la cadence des navigations s'est nettement allégée car nous sommes arrivés dans la "fameuse" baie de Göcek, entre Marmaris et Kas. Un véritable PARADIS pour la voile ! Une succession de criques désertes (ou presque) au pied de falaises rouges plantées de pins, où nous avons vécu au rythme du soleil, c'est-à-dire un lever très tôt (il fait jour à 6 h) mais à nuit noire à 17 H 30 ! Pas de magasin pendant plus d'une semaine, on a vécu en autonomie presque complète, sauf du bon pain à l'ancienne fabriqué dans un petit restaurant.  Ambiance campagne à la mer aussi, avec réveil au son du coq (ça change du muezzin) et invitation à prendre le thé dans une petite ferme isolée dans la montagne. Une connexion Internet très aléatoire, pas de téléphone prtable pendant 3 jours (dur, dur pour Henry !), bref une vraie vie de Robinsons avec pêche (pas de quoi faire un dîner malheureusement) et feu de bois sur la plage le soir, le bonheur !

seuls au monde










"on dirait qu'on serait des Indiens..."

















le chevreau de deux jours




merci pour ce petit thé !







Et l'école dans tout ça ? On essaie de garder une certaine discipline, même si la motivation est souvent aussi peu flagrante chez les élèves que chez les profs... Non, en fait on n'est pas complètement insouciants, et tous les matins (sauf le dimanche auquel les filles ne voulaient pas déroger, et sauf quand on se promène toute la journée), que l'on navigue ou pas, les parents changent de casquette pour devenir les répétiteurs. Dans l'ensemble les filles sont plutôt partantes, en fait cela les occupe bien, et on s'aperçoit aussi qu'elles en ont besoin (pour ça c'est bien les filles !). Rose est souvent la première prête, réclamant un parent à ses côtés pour admirer ses exploits de graphisme, mais au bout d'une ou deux lignes, elle se déclare soudain très fatiguée, un peu cossarde donc ! Il faut dire qu'elle a plusieurs profs prêtes à lui apprendre plein de choses toute la journée (Marguerite la première) et elle sature donc vite ! Louise, étonnemment, elle qui était si studieuse l'an dernier, ne met pas beaucoup de bonne volonté pour affronter les cahiers du CNED. La seule chose qu'elle aime, c'est quand on lui donne des opérations à faire ou une dictée. Avec Violette, c'est toujours un peu compliqué, car elle se décourage très vite, à la moindre difficulté ou ce qu'elle pense être une incompréhension, et cela aboutit très vite en crise de larme. Alors on essaie de la prendre délicatement, mais au bout de plusieurs fois, difficile de ne pas s'énerver et lui dire de prendre sur elle, ce qui n'arrange rien bien sûr ! Quant à Marguerite, super autonome, elle travaille de son côté, nous demandant juste parfois quelques éclaircissements. Du coup, il faut un peu qu'on se batte pour qu'elle nous récite les leçons à apprendre...
Globalement, on trouve que les filles sont donc plutôt courageuses, car ce n'est pas toujours facile de se mettre au travail dans ces conditions. Quand en plus le bateau gîte, ou qu'une petite vague scélérate vient mouiller les cahiers sur la table du carré (quelle idée aussi de laisser le hublot ouvert !), et c'est la crise !
Pas toujours facile aussi pour les parents, quand ça part dans tous les sens ("Tu peux me donner mes soustractions  ?", "Mais je comprends rien !", "Taisez-vous les soeurs, je voudrais écouter le CD d'anglais !", "Il est où mon crayon !?"), qu'on se dit que cela ne sert à rien de crier (même si ça fait du bien !) et qu'il faut gérer en même temps le déjeuner car tout le monde aura faim dans pas longtemps, et l'amarrage dans la crique suivante... Pas évident aussi de savoir jauger nos attentes, car en tant que parent on est certainement plus exigeant. Mais ce sont aussi beaucoup de satisfactions de les voir progresser, beaucoup d'émerveillement devant les apprentissages qui se font petit à petit, aussi beaucoup de révisions salutaires... et je me dis que, finalement, j' ai peut-être en effet raté ma vocation d'instit ! (pardon, professeur des écoles !)



C'est dans la baie de Göcek que nous avons découvert (C)api Creek, minuscule eldorado pour les plaisanciers, très bien abrité de tous les vents, avec juste deux petits pontons un peu de guingois et un restaurant. Cette crique est apparemment très fréquentée à la belle saison, et lorsque nous y sommes arrivés (mardi 8 novembre), il y avait encore pas mal de bateaux de vacanciers, de location pour la plupart (donc rutilants). Les pavillons sont tous étrangers, mais en fait ce sont des plaisanciers turcs qui les font immatriculer à l'étranger pour payer moins de taxes. Naïvement, on n'imaginait pas qu'il y aurait autant de marins turcs... Une partie de la crique, à l'Ouest, était occupée par un seul bateau, un peu moins reluisant que les autres, sur pendille, sans pavillon. Etonnemment c'est de ce côté là que nous nous sommes dirigés... Et c'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'Alain. Ce Français, qui fait un peu penser à Bernard Moitessier, vit à Capi Creek depuis 30 ans et est donc chez lui ici. Henry sympathise avec lui et nous l'invitons à dîner à bord le soir. Il nous raconte qu'il a des convictions anarchistes, que pour lui la proprieté c'est du vol, et qu'il ne tient pas à rentrer en France où, pour lui, "tout fout le camp" ! Mais il n'est pas que grincheux, c'est avant tout le roi du système D, qui vit avec 50 € par mois, et qui a construit son bateau de A à Z. Il a beaucoup lu (il a le temps !) et nous parle des évolutions qu'il a connu depuis son arrivée en Turquie.

Capi Creek

toute la famille est passée chez le coiffeur de... Capi Creek

Petit à petit, nous nous disons que Capi Creek pourrait être l'endroit idéal pour laisser Datcha hiv(b)erner. Alain ne veut pas en être responsable, ce qui est normal, en revanche il est prêt à surveiller notre bateau, et en tout cas à nous tenir au courant en cas de pépin. Nous tombons d'accord avec Denis, le patron de la guinguette, et c'est  donc cette solution d'hivernage que nous choisissons, en espérant que tout se passera bien ! C'est en tout cas un choix très économique (400 €), et cela ne nous déplaît pas de sortir des sentiers battus (êtes-vous surpris ?) et d'éviter l'incontournable Marmaris... Le seul "hic", c'est que Capi Creek n'est atteignable qu'en bateau, et nous dépendons donc de quelqu'un pour nous déposer dans la ville la plus proche. Alain, qui est reparti en France pour un voyage prévu depuis longtemps, nous avait arrangé ça avec... l'imam local, mais celui-ci ne peut finalement pas, et c'est donc un pêcheur qui nous déposera demain matin sur la terre ferme...


Quelques escales avant Fethiye:

Tersane Creek

idem

Boynuz Bükü

Gemiler Adasi

l'ilôt Saint Nicolas (au sud de Fethiye), Datcha au fond !

coupole du VIIème s, émouvant

Henry prend l'appareil


Autre moment fort depuis le dernier message, les retrouvailles avec mes parents en voyage avec un groupe dans le sud-ouest de la Turquie. Nous avons fait en sorte d'être à Fethiye pour le RDV fixé lundi 14, et c'était vraiment bien, même si c'était rapide, de pouvoir les croiser ainsi, les embrasser et avoir des nouvelles fraîches de la famille. On a même réussi à les faire monter à bord (on s'était mis exprès à un ponton de la marina) !


On en a profité pour visiter Fethiye, où il y a peu de bâtiments anciens car ils ont été détruits par des tremblements de terre, mais où la vie a l'air très agréable. L'antique Telmessos faisait partie de la Ligue de Délos, elle était donc alliée d'Athènes, l'ennemie actuelle ! En 1924, suite au Traité de Lausanne, toute la population grecque a quitté la ville qui s'appellait alors Megri et qui a changé de nom pour prendre celui d'un héros de l'aviation turque Fethi Bey.

la statue de Fethi Bey
 
le marché aux poissons





beaucoup de métiers traditionnels existent encore
on craque pour les uniformes des écoliers !









beaucoup de chiens errants


mais les chèvres sont tenues en laisse !

les tombeaux lyciens
en allant au marché


Au programme maintenant, quelques semaines en Turquie avant de nous envoler d'Istanbul pour Beyrouth le 13 décembre.

Henry, Marguerite, Violette, Louise et Rose se joignent à moi pour vous embrasser bien fort, avec un bisou spécialement gros pour Joseph, nouveau petit filleul d'Henry !

Astrid

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire