mardi 6 décembre 2011

Pérégrination en Anatolie orientale (du 27 nov au 3 décembre)


Chère famille, chers amis,

Pendant une semaine, la petite troupe a roulé ses bagages sur plus de 2000 km, à l'écart des circuits touristiques classiques, à la découverte de l'Est de l'Anatolie, affrontant le froid, utilisant différentes compagnies de bus et dénichant (et marchandant !) chaque soir une chambre dans une petite pension.



Première halte à SIVAS, à la croisée des grandes routes caravanières d'Orient et des mers Noire et Egée,  grande ville moderne aujourd'hui avec, comme perdus en son centre, quelques superbes monuments de l'époque seldjoukide (XIIIème s).


une des 3 salles d'une  medersa (école coranique)

les minarets jumeaux d'une autre medersa

le décor en briques crues et faïences vernissées bleu et noir

la medersa bleue

Henry fait le muezzin !



Nous avons découvert deux événements dramatiques de l'histoire de SIVAS :

- Sous l'Empire romain, la ville était connue sous le nom de Sébaste. Le christianisme s'y implanta dès le IIème s. Au IVème s., alors que les chrétiens n'allaient pas tarder à pouvoir exercer leur religion librement, quarante soldats de la garnison furent condamnés à être exposés nus, jusqu'à la mort, sur un lac gelé, pour avoir refusé de rendre hommage aux dieux païens. Ils devinrent les Quarante martyrs de Sébaste.

- Bien plus récemment, a eu lieu un autre drame, emblématique des tensions qui existent dans la société turque actuelle. Le 2 juillet 1993, un des grands hôtels de la ville, le Madimak, fut le théâtre d'un crime qui a beaucoup choqué les Turcs, un  incendie  volontaire dans lequel périrent 37 artistes et intellectuels alévi (une branche des musulmans). Parmi les victimes, venues participer à un festival culturel, se trouvait Aziz Nesin, l'éditeur turc des Versets sataniques de Salman Rushdie. L'incendie fut déclenché par une foule de musulmans fondamentalistes qui s'était rassemblée à l'extérieur de l'hôtel, après la prière du vendredi, pour protester contre la publication du livre. L'hôtel fut réduit en cendres. Depuis il a rouvert ses portes, alors que de nombreux groupes de défense des droits de l'homme demandent que le site soit transformé en mémorial. Le gouvernement ayant refusé cette demande, il a été dit que des ministres étaient impliqués dans l'incendie...

TOKAT ensuite, véritable coup de coeur pour cette petite ville très active, dont les vieilles maisons ottomanes sont patinées par le temps, parfois même franchement délabrées, ce qui leur donnent du charme...Nous y découvrons un peu plus le mode de vie turc, qui nous plaît toujours autant !


on en a marre de poser !
restauration du caravansérail
le kaki, nouveau sapin de Noël


le bois est encore le moyen de chauffage le plus courant
Très bon moment pour Henry et Astrid (séparément, of course) au hammam Ali Pacha, pour tester les masseurs de Tokat, réputés dans tout le pays.


Monsieur et Madame font du shopping

Les filles ont découvert le style de vie des riches familles ottomanes lors de la visite d'un konak (= maison) rénové. La grande cuisine, le hammam privé, les sofas, les coussins, tout leur plaît et elles ont plein d'idées d'aménagement de la maison en revenant !


la pièce réservée aux  femmes
la chambre du pacha
une idée pour le jardin
un autre konak où nous avons été si bien accueillis par un amoureux de la France qui a choisi 1789 comme code pour sa carte de crédit !
un ancien monastère de derviches tourneurs


Cherchez la différence :



Etape suivante à AMASYA. Cette jolie petite ville fut la capitale du puissant royaume du Pont qui donna du fil à retordre aux Romains. Nous atteignons en effet les confins de l'ancien Empire romain. Beaucoup plus tard, Amasya devint la capitale du dernier royaume arménien.  Aujourd'hui, c'est une paisible bourgade dont la plupart des maisons anciennes ont été rénovées, contrairement à Tokat.






 en compagnie de Strabon, géographe grec né à Amasya




Puis direction TRABZON, sur les bords de la Mer Noire, mythique ! Nous sommes à quelques dizaines de km de la frontière géorgienne, et Henry a du mal à ne pas céder à l'appel des steppes perses ! 




L'antique Trébizonde, outre son activité commerciale intense depuis l'Antiquité car c'était le point de départ de la route de la soie , a un passé glorieux. En 1204, au moment de la prise de Constantinople par les Croisés, deux fils de l'empereur s'échappèrent de la capitale byzantine et vinrent s'installer à Trébizonde, protégée par un rempart montagneux au sud. Le prince Alexis Comnène prit le titre d'empereur et ses successeurs régnèrent jusqu'en 1461. En effet, après la prise de Constantinople par les Croisés en 1453, Trébizonde resta quelques années encore le dernier bastion de la civilisation byzantine.
Aujourd'hui, Trabzon est une grande ville, avec des banlieues très laides, le port, pas si actif, et en revanche des rues du centre très animées, remplies de la foule jeune et dynamique que nous avons trouvé dans toutes les villes turques que nous avons vu. Plus aucune trace des époques passées, si ce n'est l'église Sainte-Sophie, qui fut transformée en mosquée dès la fin e la guerre gréco-turque en 1922 et le départ de l'importante communauté grecque.


                                                                       Aya Sofia


A l'intérieur de magnifiques fresques du XIIIème s, malheureusement abimées (volontairement ?)




                                              les noces de Cana


 Saint Syméon le Stylite, représenté sur sa colonne (spécialement pour toi, Syméon le si mignon !)

Près de Trabzon, se trouve l'ancien monastère de Sumela pour lequel nous avons affronté le froid, le brouillard, la neige et le verglas, mais cela valait le coup ! Après une dizaine de km au fond d'une gorge encaissée, le dolmus (taxi collectif) qui nous emmène nous dépose au pied d'un escalier hyper raide et surtout recouvert de neige verglacée.  Qu'à cela ne tienne, les vestes de quart se transforment en vestes de sport d'hiver et les chaussures de randonnée feront l'affaire ! Une demi-heure plus tard, au-dessus des pins, nous découvrons un bâtiment accroché à la falaise, entre terre et ciel.  Incroyable ce cadre, absolument grandiose ! Voilà quinze siècles,  le monastère de la Vierge de la montagne Noire aurait été fondé par deux moines d'Athènes, Barnabé et Sophrone. Leur réputation de sainteté attira bientôt de nombreuses vocations et une foule de pèlerins. Sumela s'agrandit progressivement et devient l'un des centres les plus importants du monachisme oriental. Même l'islam ne parvint pas à ébranler son rayonnement. Mieux, les sultans ottomans le placèrent sous leur protection et le monastère resta actif jusqu'en 1923, quand les Grecs durent quitter le sol turc. Ce fut la fin de quinze siècles de splendeur. Depuis, comme nous l'avons constaté, il y a eu beaucoup d'actes de vandalisme qui ont beaucoup endommagé les lieux. Il semble qu'il y ait un programme de restauration des bâtiments, mais les sublimes fresques se réduisent comme peau de chagrin... 












Bon bol d'air frais lors de la balade de retour vers le taxi, les filles sont ravies de toute cette neige !






                                                            Une cascade gelée, Sumela caché dans les pins

                                                                                                                                                                                                          
Après une nuit dans le car, nous arrivons à SAFRANBOLU, nous sommes repartis vers l'Ouest, c'est notre dernière étape avant Istanbul. Le nom de cette ville vient de la culture de l'épice la plus chère au monde, produite à partir de trois pistils extraits d'une toute petite fleur violette qui apparait à l'aube et se fane dès les premiers rayons du soleil. 
Mais la ville, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, est surtout connue aujourd'hui pour ses anciennes demeures ottomanes en bois dont beaucoup ont été restaurées et qui font de Safranbolu un vrai bijou.

                                                                                                                                                

                                                                                   Après.......... avant

                                                                          Marguerite s'est fait un ami

                                         Henry est prêt à se lancer dans un nouveau programme de restauration !


                                                               le découpage des loukoums au safran

Pour terminer cette virée en Turquie de l'Est, deux photos de la plus belle chambre que nous ayons eu, Rose ayant beaucoup apprécié sa nuit dans le placard aux couvertures !
Nous sommes depuis 2 jours à Istanbul, d'où nous vous saluons bien bas, en attendant les prochaines nouvelles !





















                

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